Histoire – Documents

André Lettich – Lazar Moscovici, 1942, Convoi n°8 Préface de Henri Borlant

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Bien sûr il faut écrire, il faut parler tout en sachant que nos pauvres mots ne suffiront jamais à rendre compte de ce que furent les souffrances endurées : la faim de celui qui jour après jour maigrit, perd ses forces, accablé par le désespoir, l’abandon, la saleté, les poux, la boue, le froid ou la chaleur, les coups, les humiliations, la promiscuité, le manque de sommeil, de repos, les appels debout pendant des heures sous la pluie ou la neige, le typhus, la dysenterie, les sélections. L’intérêt exceptionnel de ces textes est lié au fait qu’ils ont été rédigés en 1945, dès le retour de déportation du Docteur André Lettich et du Docteur Lazar Moscovici avec une mémoire intacte, alors que le monde ignorait encore l’ampleur inouïe du massacre.

Henri Borlant

André Lettich et Lazar Moscovici,

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Lazar Moscovici, 910 jours à Auschwitz Notes et commentaires établis par Michel Laffitte

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« Je vous ai raconté pendant une heure ou plus, un temps qui a dû vous sembler long, des faits qui pourraient paraître pour un esprit équilibré, sinon inventés, tout au moins exagérés. Je voudrais surtout que vous soyez convaincus de l’exactitude de mon témoignage, bien qu’il soit évidemment incomplet. D’autres parleront ou écriront pour le compléter et vous apporteront des détails que j’ai omis ou que j’ai moi-même ignorés, tant les crimes étaient multiples à tous les niveaux de la hiérarchie. Le camp d’Auschwitz ayant été libéré par l’armée soviétique, les documents officiels ne sont pas encore arrivés en France et toutes les informations qui sont connues ne sont que les témoignages d’anciens détenus que l’on croit enclins à exagérer. Comment vous faire croire que non seulement nous n’exagérons pas, mais qu’aussi grand que soit le talent du témoin, il ne pourra jamais donner une image fidèle de ce que fut Auschwitz. »

Lazar Moscovici est né en 1914 à Falticeni, en Roumanie. En raison des mesures antisémites locales des années 30, il part pour la France, proverbiale terre d’asile et des droits de l’homme, où il rejoint ses deux frères aînés, pour y faire, comme eux, ses études de médecine. A la déclaration de guerre, il s’engage comme volontaire au titre de la Légion Etrangère pour participer à la défense de son pays d’adoption. Dans la nuit du 15 au 16 juillet 1942, les trois frères Moscovici sont arrêtés dans un village du Maine-et-Loire par la Feldgendarmerie, à laquelle sont associés des gendarmes français. Le 20 juillet, ils font partie du convoi n°8 à destination d’Auschwitz-Birkenau. Lui seul reviendra. Lazar Moscovici est resté en France où il a exercé la médecine jusqu’en 1979. Il est mort en 1988.

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Paul Zuckermann, Berthe Chérie – Correspondance clandestine de Paul Zuckermann à sa fiancée. Drancy, août 1941 – septembre 1942. Préface de Jean-Claude Grumberg. Notes et commentaires établis par Michel Laffitte.

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« Paul Zuckermann revendique comme blason : prévoir toujours le pire. Oui, mais lorsque le pire devient inimaginable, inconcevable, lorsque l’inhumanité fait loi, que prévoir comme pire ? Qu’importe, Berthe et Paul ont échappé à ce pire, ils ont vaincu le sort affreux, vaincu Hitler et ses sbires, et, malgré l’abomination des abominations, leur amour a triomphé. Vivre en ce temps là, c’était survivre, mais aussi aimer. Aimer pour résister au désespoir, pour résister et abolir le pire, quel qu’il soit. Et pour nous, aujourd’hui, pour nous, qu’est-ce que vivre ? Nous qui connaissons désormais, ou croyons connaître, la teneur du pire. Les lettres de Paul, débordantes de vitalité, d’amour et d’espoir, ces lettres nous dictent la véritable devise de Paul : prévoir le pire, mais se battre à chaque instant pour qu’advienne le meilleur. »

Jean-Caude Grumberg

Paul Zuckermann est arrêté le 20 août 1941, lors de la rafle massive du XVème arrondissement de Paris. Il est conduit à Drancy où il entretient une correspondance clandestine quasi quotidienne avec Berthe, sa fiancée. Ce document, d’une richesse rare et conservé depuis 2005 au Mémorial de la Shoah, est un témoignage quotidien des conditions de vie à Drancy, anti-chambre de la mort aux portes de Paris.

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Michel Marbeau, Guide Culturel de Rome – Comprendre la Ville Éternelle

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Ce guide est né à partir d’un voyage scolaire organisé par un établissement parisien, l’École Alsacienne. Il s’agissait de mettre à disposition des accompagnateurs un outil pratique et complet permettant à des non spécialistes d’expliquer assez précisément les lieux et œuvres vus. C’est aussi le résultat de plus de trente ans de séjours réguliers dans la Ville Éternelle. Ce guide prétend être une sorte d’intermédiaire entre un guide traditionnel, dont le contenu peut parfois être assez pauvre et le livre spécialisé, trop complet ou trop savant. Il ne s’agit pas de se contenter de décrire, mais d’expliquer. Nous avons aussi laissé une place importante à l’iconographie et notamment à la photographie, afin que le lecteur puisse immédiatement comprendre et voir ce qui est expliqué.

Michel Marbeau est agrégé d’histoire, doctorant en histoire contemporaine. Il enseigne l’histoire-géographie à l’École Alsacienne depuis 1995, après avoir travaillé plusieurs années dans l’enseignement supérieur (Université Paris I). Il a longtemps donné des cours à Sciences Po et à l’Université de Paris III (UFR d’Études européennes).